4 questions à Pierre Moos

Paris, 12 septembre 2017

-Vous dirigez Parcours des mondes depuis 2007. Quel regard portez-vous sur l’évolution du salon et du marché de l’art tribal ?

P.M.: Parcours des mondes a été créé à la demande des marchands d’art tribal. Comme son nom l’indique, cette foire est un événement international, ouvert à toutes les formes de cultures artistiques extra-européennes. Depuis une dizaine d’années, nous avons repensé la communication autour de l’événement : nous consacrons ainsi 80 % des recettes de Parcours des mondes aux dépenses de relations presse, de publicité et de marketing. Cette publicité, couplée à celle réalisée autour de la vente de pièces phares aux enchères, permet de faire connaître l’art tribal dans le monde entier et c’est positif. Enfin, l’ouverture récente du salon aux arts asiatiques prouve, s’il le fallait encore, le rôle majeur de la place parisienne sur le marché de l’art mondial. L’ensemble de ces éléments explique pourquoi le Parcours est aujourd’hui la foire la plus importante au monde en matière d’art tribal… À seul titre d’exemple, certains des marchands qui participent à l’événement, réalisent en quelques jours seulement les trois quarts de leur chiffre d’affaires annuel.

-Quelle est selon vous la valeur ajoutée de Parcours des mondes dans le paysage des foires actuel ?

P.M.: D’un point de vue général, la multiplication des foires d’art tribal est un phénomène positif pour le marché. Le vrai problème, c’est la raréfaction des pièces majeures : tout le travail de l’équipe de Parcours des mondes consiste à proposer au public, en dépit des difficultés, ce qui se trouve de mieux sur le marché chaque année.

-Comment travaille Parcours des mondes avec les exposants sur la question du vetting ?

P.M.: Il s’agit là d’une question cruciale, et d’une évolution de plus à mettre à l’actif de la reprise de la foire en 2007 [NDLR : rachetée à Rik Gadella qui avait fondé le salon en 2002]. En effet, le vetting constitue désormais l’une des pierres angulaires de l’organisation du salon, ce qui n’était pas forcément le cas auparavant. Nous ne sélectionnons que des pièces et des marchands qui répondent à des critères élevés de qualité, permettant de garantir l’authenticité des objets auprès des collectionneurs. Il faut également souligner que nous accordons une importance primordiale à l’éthique commerciale et culturelle dont font preuve tous les marchands participant à l’événement. La confiance est la clef d’un marché serein : c’est pourquoi nous n’hésitons pas à refuser des dossiers jugés insuffisants chaque année.

-Comment évolue le goût des collectionneurs ?

P.M.: Les pièces africaines ont toujours été et restent les « stars » du marché de l’art tribal. Toutefois, les arts d’Océanie et d’Asie du Sud-Est connaissent depuis quelques années une faveur grandissante auprès des collectionneurs. Il s’agit, à n’en pas douter, d’un marché émergent dans lequel il est encore possible de faire de bonnes affaires… Mais l’art tribal est et doit rester, avant tout, une question de passion et d’esthétique, une occasion privilégiée de découvrir la richesse des différentes cultures coexistant autour de la planète. In fine, un moyen d’apprendre à mieux se connaître soi-même.

Mémo

Parcours des mondes Du mercredi 13 au dimanche 17 septembre, de 11 h à 19 h. Vernissage le mardi 12 septembre de 15 h à 21 h. Quartier Saint-Germain-des-Prés, Paris 6e. www.parcours-des-mondes.com